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Par Elsa Klughertz
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Kawase est de retour sur la croisette. Elle avait obtenu le Grand Prix en 2007 avec La Forêt de Mogari. Aujourd’hui elle nous présente AN, son nouveau long-métrage, en ouverture de la section Un Certain Regard.
Ce film raconte l’histoire de Tokue, une femme de 70 ans embauchée par Sentaro pour travailler dans son magasin de dorayaki, des pâtisseries traditionnelles japonaises. Elle vit en quarantaine puisque lépreuse et n’a ainsi pas pu travailler pendant des années. Une relation d’une extreme générosité va se créer entre les deux personnages. Les silences et la lenteur viennent nourrir cette rencontre.
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AN est un nouvel hymne à la nature et au temps.
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AN est ici un nouvel hymne à la nature et au temps. Kawase une fois de plus nous livre des images contemplatives du temps, du monde accompagné et porté par ses saisons. D’avantage écrit, il est l’adaptation du roman de Tetsuya Akikawa, en ce sens la narration est naturellement plus accrue. L’intrigue est rigoureuse laissant une place à la poésie et à la contemplation.
La douceur de l’image et son grain ne sont pas sans nous rappeler le thème du film : la fabrication de ces pâtisseries japonaises. Cette vieille femme lépreuse vit en quarantaine et ne se déplace que pour aller travailler. La cinéaste tenait à rappeler qu’au XXème siècle, au Japon, les lépreux se voient obligés de vivre exclus de la société. Nous n’apprenons qu’à la fin du film, lors d’un échange de correspondance entre Tokue et Sentaro, que celui-ci a vécu en marge durant des années lors d’un séjour en prison. Ce vide et l’écart ressenti par l’un et l’autre à un moment de leur vie les liera.
Les silences font le film et nous aident à percevoir la subtilité propre aux films de Kawase – capter l’émerveillement de chaque instant de vie qui leur rend alors instantanément leur particularité.
AN, réalisé par Naomi Kawase. Sortie française le 27 janvier 2016.
